jeudi 5 juillet 2007

Le théâtre

Dans cette anarchie, quelques repères pourtant.

Les boutons d'or et les myosotis sont comme des miettes de pain à qui sait les comprendre. Un ensemble de petits phares alignés, tantôt rectilignes, tantôt ondulants, formant une piste d'atterrissage scintillante. Guides traversant une allée bordée d'arbres aux larges branches déployées ; suffisamment fournies et enveloppantes pour donner l'illusion d'un couloir entre deux mondes; suffisamment aérées pour laisser passer, en été, de longs rais de soleil généreux baignant l'air d'une lumière chaude et scintillante.

Au sortir de ce fil d'Ariane, une clairière ombragée.

Un demi-disque, construit à la façon des théâtres antiques. Mais pas ici de pierre, de charpente, de gradins ni d'armatures aux systèmes de forces et d'efforts compliqués.

Tout se présente dans la simplicité nue d'un ensemble forgé d'une même pièce. Comme si une presse avait imprimé sa marque à ce sol plat à l'origine, en y laissant son empreinte en négatif. Façonnant le terrain et le modelant à son désir. Créant un dévers en demi-lune descendant en escalier vers une scène vierge de tout relief plantée d'un gazon ras et dru semblable au green des golfs ou au tissu tendu des tables de billard, laissant aux pieds nus une sensation de fraîcheur piquante.

La clairière est bordée d'arbres grands et fins comme des javelots, étirant leurs corps émaciés vers le ciel - soldats aux feuilles scintillant au vent et semblant applaudir déjà dans une frénésie de castagnettes - créant avec l'extérieur une limite nette et franche. Préservant l'originalité de l'enclos ; paix ordonnée aux lignes géométriques, aux équilibres fragiles. Coeur paisible à l'harmonie régulière, point d'équilibre faisant contrepoids à la folie exubérante du jardin.

Dans ce théâtre imaginaire d'un monde en suspens : trois personnages, trois héros malgré eux d'une histoire qui les dépasse.

Clara la grande cantatrice
Nino le clown
Bango le mystique

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