mercredi 18 juillet 2007

Sursis

La mort était programmée sur le Jardin de Déveron. Une ultime seconde devait rassembler en un dernier atome de vie toutes les couleurs, toutes les émotions, les saveurs et les louvoiements d'une vie entière. Un monde de jeu enveloppé dans le linceul d'une nuit blanche ; un oubli sans corps ni sens.

Mais dans un ultime sursaut, une grâce, le couperet n'est pas tombé !

Pas tout de suite, pas maintenant.

La marche du temps en est bousculée. L'ultime seconde, flouée de son destin, reste paralysée sur scène, comme absente de son rôle. Les autres secondes, démobilisées avant l'heure s'affolent et se précipitent dans une frénésie de panique ; d'habitude si légères, mais là pataudes et grotesques, se bousculent et défilent dans un faux rythme de carnaval.

Le monde de Déveron en est bouleversé. Toute chose qui aurait dû s'éteindre dans un fracas d'émotions froissées se voit accorder un supplément de vie. L'équilibre des choses en est changé.
La paillette lumineuse scintillant en vain dans une toile de fonds de détails se voit projetée à l'avant scène. Tout un monde de figurants brille soudain d'une lumière aveuglante.

Chaque âme follette de ce monde en perdition, rattrapée in extremis, voit d'un oeil neuf et une acuité de plomb.

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