samedi 14 juillet 2007

Une naissance comme une gifle - 2

L'opération de mise en ligne est un mécanisme bien huilé. Une routine à accomplir sans se poser de question, comme une basse besogne, une check-list de jalons à rayer sans état d'âme.

Un dossier est vidé de son contenu, écrasant sous une chape de vide et de silence un monde de transition. Des personnages exubérants peuplant une myriade de pages en construction, des discussions surréalistes, des beta-testeurs dans des forums de discussion en devenir. Du vide et du vent, des clins d'oeil, des mises en garde, des défouloirs d'émotions trop longtemps contenues, crachées à un public absent, des messages codés, des messages d'amour déclarés fébriles et tremblants à des présences imaginaires.
On y parle fort et haut, sans retenue, sans morale. Comme pour se chauffer la voix les soirs de grand messe ; tranchant de mots assourdissants le silence de plomb des théâtres les veilles de première.

L'opération est rapide et le couperet tranchant comme un scalpel.

Le monde parallèle est remplacé méthodiquement par une réalité sans faille, sans accroc et sans fard. Lisse et terne. Des peuplades à peines policées de Qui sommes-nous ?, de Plans d'accès et de Contacts. Des sourires enjôleurs de commerçants refourguant leur came pas chère. Des breloques gazouillantes et crachouillantes, murmurant à l'oreille, dans un souffle, comme une confidence Prends moi chéri, fais passer tes doigts sur mes fesses et mes cuisses, sur mon corps gras et blanc, t'en auras du plaisir crois moi, mais hâte toi, d'autres attendent déjà...

Suivent une petite horde de flicailleux bien raides, de graphiques et de stats.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Alors, alors...le couperet est-il tombé ?

Henri a dit…

Le couperet est en suspens au dessus de leur tête ! Une ombre de mort menaçante qui leur glace le sang et fait palpiter d'effroi leur petit coeur fébrile...
Quelques détails à régler avant la prochaine publication (sans doute mercredi)... A bientôt !

Anonyme a dit…

Brrrr, ça fait froid dans le dos. Ca risque d'être long d'attendre jusqu'à demain pour connaître la destinée (tragique ?) de ces âmes follettes. Joli brin de plume, en tout cas.